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Le système éducatif au Cameroun

Le contexte géographique et démographique :

Le Cameroun est un état d'Afrique centrale et occidentale, situé au confluent du le golfe de Guinée sur la façade occidentale de l'Afrique. Par sa superficie de 475 442 km² et sa population d'environ 19 598 889 habitants en 2010, le Cameroun est un pays de taille moyenne en Afrique. Le pays représente un grand “melting pot” de plusieurs ethnies (environ 280), avec presque autant de langues vivantes locales, estimées au moins à 242. Le Cameroun a une population fortement rurale, près de 65% - parfois très enclavée -, mais compte néanmoins plusieurs villes de plus 250 000 habitants.

 

Le contexte historique :

Avant la période coloniale, les habitants ne formaient pas un seul groupe homogène et présentaient plusieurs formes d’organisation sociale allant de royaumes structurés à des ethnies nomades. Le pays a ainsi connu plusieurs vagues de conquêtes et d’occupations portugaises, espagnoles, allemandes ; avant de connaitre son indépendance sous la tutelle de la France et de la Grande Bretagne en 1960. C’est à cet égard qu’à côté des langues locales, le français et l’anglais font office de langues officielles. Ce bilinguisme se retrouve alors implémenté dans le système éducatif qui connait cette particularité.

 

Le contexte socio-économique :

Sur le plan économique, le Cameroun possède une économie importante dans le contexte de la sous-région CEMAC (communauté économique de l’Afrique central). Il représente à lui seul environ la moitié du PIB de cette communauté. Ce poids économique est porté notamment par l’apport de l’agriculture, de l’exploitation minière et industrielle ; mais près de 70% de son économie est issue du secteur informel.

Au début des années 80, le Cameroun a énormément souffert dans son système éducatif notamment suite à la chute des cours du pétrole et la crise des années 90. Au vu de cela, le Cameroun comme la Cote d’Ivoire a été ramené au nombre de pays à faible revenu. Il a dû à partir de ce statut diminuer sévèrement au début des années 90 le salaire des enseignants alors que le pouvoir d’achat avait déjà été réduit par la dévaluation du franc CFA.

Malgré une population scolarisée en hausse constante au cours de la dernière décennie, plus de 4 enfants sur 10 ne termine pas l’école primaire. C'est pourtant la seule garantie d’une expérience d’alphabétisation à l’âge adulte. Le système qui reste affaibli, est ainsi confronté à divers défis. Non seulement de scolarisation universelle avec une grande population jeune et une pression démographique énorme, mais aussi de taux de réussite et d’offres de formations viables. Avec plus d’un tiers d’enfants en plus en 2015, qui seront en âge d’être scolarisés, en ajoutant l’importance de l'indice de pauvreté multidimensionnelle de 48,15% de la population totale selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) . Et par ailleurs le manque doublé d’une répartition inégale d’enseignants qualifiés, font que les enjeux et les défis sont colossaux pour un pays qui s’est fixé un but d’émergence à l’Horizon 2035.

Fort d’un taux de scolarisation au primaire estimé à 93.5% selon les statistiques de l’UNICEF pour les années 2008-2012, le pays récolte ainsi les résultats de diverses mesures phares, notamment l’inclusion du droit à l’école dans la constitution, ainsi que l’application par le gouvernement de la gratuité de l’école primaire en 2000. Cette embellie du taux de scolarisation est aussi le résultat de différents programmes de financement dans le secteur de l’éducation, à l’instar de programmes d’aide au développement des pays sous-développés : Initiative PPTE, C2d, etc., qui ont ainsi œuvré à améliorer la situation.

Maintenant, nous parlerons des différents défis de l'éducation au Cameroun ! Tout d'abord, nous mettrons en avant l’augmentation quantitative de la scolarisation, les défis relevés jusqu’à présent et la manière dont le gouvernement œuvre pour que l’éducation au Cameroun soit développée.

 

Une disparité du modèle éducatif camerounais :

Un modèle à deux vitesses

Le modèle éducatif camerounais, est largement influencé par l’histoire du pays et les spécificités de son patrimoine culturel et démographiques.

A cet égard, une première spécificité consiste en ce que l’éducation au Cameroun est marqué du sceau du bilinguisme. Il existe ainsi un cursus anglophone et un cursus francophone, chacun de ces cursus donnant une certaine part à la formation dans l’autre langue. Cependant il demeurait une certaine stigmatisation de l’anglais ; mais les récents développements d’une offre spécifiquement bilingue, de même qu’un engouement des populations francophone pour l’éducation anglophone réputée rigoureuse, suivent une politique de développement du bilinguisme et d’intégration nationale.

Outre cet aspect du bilinguisme, dans les structures actuelles de l’éducation, l’enseignement maternelle et primaire s’adressent aux enfants âgés de 3 à 13 ans.

L’enseignement primaire, indépendamment du sous-système, dure six ans. Il conduit en fin de cycle à l’obtention du certificat d’études primaires (CEP) qui équivaut au Level Certificate (OLC) du système anglophone, et permet de présenter le concours d’entrée en 6e du secondaire.

A partir de ce niveau l’enseignement secondaire se fait en deux cycles : soit un cycle Général, soit un Cycle Technique.

Le cycle Général de l’enseignement secondaire se présente, tout comme l’éducation primaire, assez encyclopédique. Les programmes, par leur volume et leur contenu, ont un caractère pluridisciplinaire. Sans être organisés sous forme de curricula, les programmes du Général présentent de façon détaillée les objectifs à atteindre et les contenus devant être dispensés aux élèves. De façon concrète, ils visent une formation générale, mais l’absence d’outils documentaires, technologiques et de moyens didactiques constitue l’une de leurs faiblesses.

L’enseignement Technique, quant à lui, s’il a la vocation à être une offre de formation professionnalisante, souffre de profonds maux tenant à un manque infra-structurel et humain. Les lieux de formation ne sont pas assez structurés et sont trop peu nombreux. En ajoutant à ce constat un manque de personnel, comme dans tout le système éducatif, nous nous rendons compte que le plus grand nombre est privé du succès auquel il prétend.

 

Un taux de scolarisation soutenu, taux de perdition notable :

Si le taux de scolarisation de l’éducation primaire a subi une forte augmentation depuis le début du millénaire ; les taux bruts de scolarisation de l’enseignement secondaire sont quant à eux peu développés. A cet égard, si l’augmentation a été beaucoup plus visible au niveau de l’éducation secondaire cycle général, il apparaît corrélativement un léger recul de cette évolution dans les établissements de formation techniques. Ce circuit technique souffre d’une certaine impopularité, conçu comme un cursus « pour les ratés» ou comme une alternative pour les « enfants pas très doués ».

Si le taux de scolarisation du primaire atteint 105.4% en 2003, nous sommes ici dans le taux brut de scolarisation c'est-à-dire les taux qui justifient la quantité de masse de personnes scolarisés au kilomètre carrés. Ce taux est non seulement gonflé par les redoublements qui sont très importants au Cameroun ce qui explique en grande partie son niveau supérieur à 100. Mais en plus, il cache ce qui se passe réellement au cours du cycle si on regarde de plus près on s’aperçoit que le Cameroun est caractérisé par un bon accès à l’école mais un achèvement faible du cycle primaire. Le taux brut d’accès est en effet de l’ordre de 95% ce qui indique que l’accès à l’école n’est plus un problème déterminant au Cameroun en particulier depuis la mesure de gratuité du primaire. Mais cette mesure n’a pas pour autant entrainé la suppression des frais d’écolage qui se sont sensiblement accrus par notamment les mécanismes de corruption et de abus des gestionnaires de l’éducation.. Tout ceci fait que ce taux est un peu biaisé, car cela ne reflète pas fidèlement les proportions de redoublement qui sont notables rendu au niveau du CM2, classe intermédiaire qui permet d’accéder à l’enseignement secondaire.

Par ailleurs, l’uniformité de ce taux de scolarisation reste équivoque dans la mesure où le taux de perdition en milieu rural est considérable. Une frange nette de la population scolarisée en milieu rural arrête ainsi d’être scolarisée à partir du CM2. Par ailleurs, l’abandon touche particulièrement les filles notamment dans la partie septentrionale du pays du fait de la pauvreté ambiante, mais aussi d’un héritage culturel prônant la préférence masculine à l’éducation. Ceci fait alors que si les filles représentent plus de la moitié des effectifs dans la primaire, un fort taux d’abandon et de perdition touche cette tranche de la population, certains foyers préférant reléguer les filles aux tâches ménagères et rurales, et scolariser les garçons.

La principale raison de non fréquentation scolaire de la population d'âge de scolarisation primaire ou secondaire (6-19 ans) est le refus des parents ou la tradition (26,4%). Cette raison prévaut quel que soit le niveau de vie du ménage. La seconde raison qui émerge est le coût élevé d'accès à l'école (17,5%). Il a été observé que le septentrion était un pôle de pauvreté, mais contre toute attente ce n'est pas dans cette partie du pays que les blocages liés au coût élevé de scolarisation sont le plus fréquemment évoqués ; mais plutôt dans le grand Sud.

Pour introduire cette partie, notons quelque part la dualité du système au Cameroun avec ses sous-systèmes francophone et anglophone qui ont été hérité du passé coloniale. Avec respectivement 8 régions francophones et 2 régions du pays( sud-ouest et nord-ouest) anglophone. Dans le sous-système francophone où l’école primaire dure jusqu’à six ans. Seul 60% des enfants entrant en première année atteignent la fin du cycle alors que dans le système anglophone on a pratiquement 9 entrées sur 10 qui atteignent la classe de sixième et 74% atteignant la fin du cycle qui dure sept ans. Le taux de transition vers le secondaire est très faible dans la sous-section anglophone si bien que les niveaux de scolarisation s’équilibre au secondaire pour les deux aussi bien francophone qu'anglophone.

Quoique il en soit les objectifs d’éducation pour tous et du millénaire auquel le gouvernement a adhéré suppose d’atteindre un taux d’accès à l’enseignement primaire de 100% mais aussi un taux d’achèvement, c’est-à-dire ceux qui quittent du primaire (de la maternelle jusque au cm2) doit être de 100%, et quittant de la sixième jusque en terminale et au-delà, doivent aussi atteindre aussi 100%. Depuis les années 95, il fallait progresser de plus de 3% par an pour les 12 prochaines années pour atteindre le but fixé.

 

Sur l’offre d’éducation :

Ce qu’il faut encore savoir, c’est que le système camerounais est suffisamment compact. On y retrouve alors une offre mêlée du secteur public et du secteur privé. L’importance du secteur privée au Cameroun est de l’ordre de 18%. Il offre une chance de support parce que quelque fois l’Etat n’est pas à même de combler ce gap des 3% qui ne peuvent être comblé que si nous augmentons le nombre d’écoles dans nos régions respectives.

 

La qualité de l’enseignement :

Nous l’avons déjà relevé, l’enseignement au primaire relève d’une approche encyclopédique, non seulement par le volume, mais aussi par le contenu des enseignements. De la SIL au CM2, les programmes donnent une place considérable à l’expression française et anglaise, au calcul et aux exercices d’observation. L’éducation civique, le chant, le dessin, l’histoire, la géographie, la biologie, le travail manuel et l’éducation physique et sportive sont dispensés au même titre que les autres matières du programme. Par ailleurs les enseignements souffrent aussi d’une lourdeur notable. L’illustration en est du programme d’histoire qui donne une place considérable à l’histoire du monde européen au détriment d’une approche locale de cette matière.

Comment est-ce qu’on pourrait améliorer la qualité en mon sens ? Les objectifs du millénaires comme ceux de l’éducation pour tous (ONU) : la qualité de l’enseignement, la scolarisation n’ayant pas de valeur en soi si les acquisitions des élèves ne sont pas réels. Dans un débat retransmis sur les antennes de la chaîne nationale du pays CRTV portant sur l’éducation, des experts de l’éducation nationale ont notamment relevé que la qualité de l’enseignement n’est pas de mise. Il faut peut-être contextualiser l’enseignement aujourd’hui dans nos programmes nous mettons plus en avant la culture européenne que beaucoup ne comprennent pas, et dans la qualité il y a la manière dont les professeurs dispensent ces cours. Il y en qui le font mal et là on est en droit de se questionner sur la manière dont le ministère de l’enseignement secondaire s’y prend pour façonner les programmes et surtout pour que les enfants aient des œuvres adéquates à ce qu’ils doivent apprendre. Une étude (1995-1996) à partir de épreuves uniformes entre les pays de deuxième et cinquième année relève que pour le sous-système francophone sur lequel l’étude à porter le niveau du Cameroun est assez bon comparativement aux autres pays enquêtés. Les élèves camerounais sont : premier en français et deuxième en mathématique aussi bien dans le cas du primaire que dans le cas du secondaire.

Par ailleurs, il faut relever qu’en milieu urbain comme en milieu rural, l’offre éducative reste insuffisante. Il existe un déficit non seulement du nombre de classes, mais aussi de personnels enseignants. On en arrive alors à une situation de surpopulation dans les salles de classe notamment dans les établissements publics. Notamment, on peut rencontrer des classes de plus de 100 élèves pour un seul enseignant. Dans les zones enclavées, la situation peut même s’avérer pire dans la mesure où se rencontrent des établissements publics qui n’ont d’existence que de nom, sans structure et avec un seul enseignant chargé du suivi de plusieurs classes en commun. Face à cette carence de l’offre publique, l’offre d’enseignement privé peine à suivre, malgré plusieurs mesures de financement apporté déjà par l’Etat à ces structures.

Les objectifs de scolarisation se trouvent ainsi grandement compromis, non seulement par ces difficultés structurelles et conceptuelles, mais aussi par une situation économique précaire, situation qui a contraint un désengagement de l’Etat dans le recrutement de personnels enseignant du primaire, alors que plusieurs Ecoles Nationales des Instituteurs de l’Enseignement continuent de former sans perspectives des maîtres d’école.

En ville par exemple, les écoles d’Etats n’ont pas tellement de problème pour avoir le matériel pour l’enseignement (fournitures) parce que les librairies foisonnent. Mais dans les villages c’est différents dans la mesure où les pouvoirs publics quelque fois sont obligés d’affréter des véhicules pour aller distribuer sur place. Les enfants peuvent être léser, alors que déjà, nous constatons un manque de personnel ce qui complique vraiment la tâche. En gros, l’objectif fixé par le gouvernement est difficile à atteindre car sur le terrain les mesures pour que ce taux de de scolarisation soient mieux sont moindres : les mesures d’accompagnement sont quasi inexistantes car une partie de la population est privilégiés (la zone urbaine) certains enseignants refusent l’affectation dans les villages parce qu’ils estiment qu’ils ne peuvent pas s’en sortir. Ils préfèrent rester en ville, même au-delà du fait que l’enseignant n’a pas les moyens. Car il faut aussi le souligner, il peut ne pas être payé quelque fois en mode "vacations" ou encore enseignent "à prix de rien".

D'où l'importance d'une association comme CASEA, qui envoi du matériel scolaire, à qui j’envoie un petit clin d’œil !

Le défi qualitatif renvoi par ailleurs au défi quantitatif puisque un taux d’encadrement de 40 élèves par maître va impliquer pour scolariser tous les enfants du primaire de disposer au moins à partir de 2016 d’environs 84 000 enseignants. Jusqu'à présent les enseignements sont de l’ordre de 36 000 selon une étude. Nous partons donc, soit pour un rythme de recrutement 3 fois supérieur à celui des 12 dernières années.

Les membres ou partenaires de CASEA pourront aider en complément d’effectif - comme bénévole - pour venir aider ces instituteurs en apportant des méthodes modernes.

 

Quelles perspectives pour l’éducation au Cameroun ?

Le Cameroun s’est doté ces dernières décennies de plusieurs instruments qui visent de manière directe à améliorer, non seulement les taux de scolarisation dans le primaire et le secondaire, mais aussi à améliorer qualitativement les programmes de formation tels qu’ils sont agencés aujourd’hui.

Si l’insertion dans la constitution camerounaise en 1996 d’une disposition dans le préambule affirmant la gratuité, tout au moins de l’éducation de base a eu pour effet de créer une grande embellie du taux de scolarisation, cela n’a pas conduit à éradiquer toutes les sources de déscolarisation au niveau de l’éducation de base.

Le pays s’est ainsi joint à l’initiative des Objectifs du millénaire en adoptant le document stratégique pour la croissance et l’emploi (DSCE) qui est une sorte de cahier de charge fixant les objectifs pris par le gouvernement d’ici à l’horizon 2035. Ce document contient différents aspects intéressants sur le secteurs éducatifs : il reprend ainsi l’éducation pour tous comme objectif, notamment de stimuler la demande de scolarisation notamment pour les filles sous-scolarisées dans les régions septentrionales. S’il faille qu’on parle d’un autre aspect, ce serait l’amélioration de l’équité ! Les objectifs du millénaire ce sont aussi les objectifs d’équités, hors le système du Cameroun est caractérisé par de fortes disparités principalement marqué dans le primaire. Cependant, dans certaines régions, les filles sont au contraire avantagé par rapport aux garçons. Sur les trois régions les plus faiblement scolarisée (Grand nord , Extrême-nord et Adamaoua) pour 7 garçons qui terminent le cycle primaire seulement 3 filles y parviennent. Il faut retenir que ces disparités de genre s’estompent dans la suite de la scolarité, ce sont les disparités géographiques entre les différentes régions qui sont les plus importantes au premier cycle du secondaire.

Finalement ce sont les écarts de revenu qui discriminent le plus la scolarité des enfants , et ce, de plus en plus fortement au cours de la scolarité les chances des enfants des ménages les plus riches d’atteindre le secondaire sont 40 fois plus élevés que celles des enfants les plus pauvres. Donc le défis de la scolarisation consistent, non seulement à augmenter la scolarisation, mais en plus à cibler les efforts. Comme obstacle nous pouvons noter le manque de moyens, la situation précaire du corps enseignant qui est d’ordre financier parce que depuis la dévaluation du Franc CFA (1993) les salaires ont été diminué à hauteur de 70%. Le pouvoir d’achat des enseignants a chuté de manière spectaculaire portant gravement atteinte à leur motivation et surtout à l‘attractivité de la profession au près des éventuels nouvelles recrues.

Bien que les salaires aient légèrement augmenté depuis un moment, les perspectives d’évolutions salariales et les primes d’éloignement pour eux sont restées intact, et mêmes certaines supprimées ce qui fait que les écoles dans les villages n’ont pas suffisamment d’enseignants.

Le gouvernement ne met pas les moyens en œuvre pour qu’ils puissent bien faire leur travail. La gestion chaotique du corps enseignant participe de l’efficience assez faible du système au Cameroun. Celle-ci se manifeste en premier au niveau de l’efficacité interne et en second lieu dans la transformation des ressources en résultat. Le système camerounais est caractérisé par une rétention assez faible au cours du cycle primaire et une présence très importante du redoublement en particulier dans le sous-système francophone (28% contre 17% dans le système anglophone).

La différence entre les deux sous-systèmes dans les niveaux de redoublement équivaut à celle qu’on observe entre les pays africains anglophone et francophone et correspond visiblement à une conception très différente des apprentissages et de l’évaluation entre ces deux cultures. Par ailleurs la comparaison entre les ressources disponibles par les élèves dans les écoles et les connaissances acquises vont montrer que ces deux cultures sont très peu liées. En définitive on devrait orienter les enfants plus sur la technique et non sur l’enseignement général. Les œuvres sont occidentales bien qu’avec des thèmes universels et pourtant nous avons des auteurs qui abordent les mêmes thèmes mais avec des illustrations plus adaptées à nos réalités.

C’est un système à fort potentiel d’emploi, de création, et surtout de sécurisation d’emploi. A cet effet, revoir ce système est plus que nécessaire dans la mesure où il existera une politique sociale mettant l’accent sur l’emploi de la jeunesse, pouvant constituer une alternative pour les jeunes pour lesquels l’immigration constitue l’ultime survie. En outre, cette volonté politique et initiatives locales doivent aussi exister dans l’intervention des partenaires techniques et financiers internationaux qui demeurent et restent un facteur favorable pour l’éclosion des services éducatifs camerounais. L’impunité est le corollaire de la ténacité de la corruption dans tous les secteurs en général et en particulier dans le système éducatif. Il s’illustre par l’absence ou le refus de punir les corrupteurs quand même ils seraient connus et identifiés. C’est reconnaître que l’absence de punition des coupables constitue un frein pour la bonne gouvernance du secteur éducatif. Le défi reste à relever…

Il est apparaît ainsi de manière incontestable que le système éducatif camerounais peine à assurer les missions qui lui sont assignées : le poids d’une demande massive par rapport à une offre insuffisante tant qualitativement que quantitativement, un taux de perdition mélangeant abandon et redoublement scolaire, une surpopulation des apprenants contre une sous-représentation et une sous qualification d’une frange du corps enseignants, un déficit de structures, mais aussi une inadaptation des programmes scolaires qui remontant pour la plus part à la période post coloniale, une aggravation des inégalités de chances scolaires et une disparités selon les régions, sont autant de maux qui minent profondément le modèle.

Cependant l’espoir demeure, notamment quand on constate au milieu de tous ces dysfonctionnements, que une sous catégorie de l’éducation, notamment l’éducation anglophone arrive à garder un taux de continuité de l’éducation plus forte que la moyenne, et que de part ce cursus moins généraliste donne un regain qualitatif à la formation des enfants.

Un sursaut doit alors s’opérer plus en amont par des réformes profondes touchant non seulement l’éducation de base, mais aussi l’éducation secondaire et aussi l’enseignement supérieure. Une réorientation du modèle doit adapter non seulement quantitativement l’offre à la demande, mais aussi caler qualitativement cette offre aux exigences contemporaines liées aux prétentions du développement dont le pays fait montre.

Fleur Belinga

Le système éducatif au Cameroun
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